"Ode à la Belle-Epoque"
Claude Debussy (1893) : Quatuor à Cordes (25')
Joaquin Turina (1925) : La Oracion del Torero (8')
Camille Saint-Saëns (1899): Quatuor à cordes Op.112 N.1 (30')
Ah, la Belle Époque ! Période d’élégance et d’audace où Paris devient le cœur battant d’une Europe en mutation. Tandis que les arts se libèrent des canons du passé, la musique française cherche une voie nouvelle, entre l’héritage classique et les promesses de la modernité.
Le Quatuor à cordes de Claude Debussy (1893) incarne cette révolution poétique. Libéré des modèles germaniques, il déploie une écriture fluide, vibrante de couleurs, où les motifs se métamorphosent comme des reflets sur l’eau. Debussy, fasciné par l’ailleurs, y glisse déjà des accents hispaniques – échos d’une Espagne rêvée, lumineuse et sensuelle, qui enflammait alors l’imaginaire parisien.
Face à cette audace, le Premier Quatuor de Camille Saint-Saëns (1899) revendique la maîtrise d’un grand artisan du classicisme. Derrière la perfection formelle et le contrepoint ciselé, on devine un esprit libre, fier de conjuguer rigueur et élégance, héritage germanique et clarté française, avec une influence espagnole qui reflète l’amitié entre le compositeur et l’immense virtuose Pablo de Sarasate. Saint-Saëns incarne la confiance d’une époque encore sûre de ses fondations.
Quelques décennies plus tard, avec La Oración del torero (1925) de Joaquín Turina, la modernité prend d’autres couleurs. Élève de la Schola Cantorum, Turina unit la finesse française à l’ardeur andalouse : dans cette prière du torero, ferveur, noblesse et tendresse se mêlent en un chant intérieur.
De Saint-Saëns à Turina, c’est tout un monde qui se transforme : la Belle Époque s’efface, laissant place à la quête d’un XXᵉ siècle sonore où la forme devient couleur, et la musique, émotion pure.
Ecouter les Quatuors de Saint-Saëns et de Debussy (concert en livestream)